En façade, “Octobre Rose”, c’est une profusion d’actions de communication pour sensibiliser au dépistage.
Et derrière ce mot, “Dépistage“, qu’y a t il vraiment ?
A la base : une « mammo »
Le tarif, c’est, à partir de 40 ans, une mammo de contrôle tous les 5 ans…. A partir de 50 ans, ça passe à tous les 2 ans…et tout cela, bien sûr, si vous ne présentez aucune pathologie particulière.
« Mammo », le mot est rond, rigolo et plutôt , rassurant, ça vous rappelle votre maman… Mais, en vrai , ce n’est pas vraiment sympa : on vous écrase vos seins entre des plaques (de plexi ?) froid. La manipulation est faite sous tous les angles. Vous vous contorsionnez . Ça fait mal. Pas très intense mais plutôt désagréable. On vous écrabouille vos seins, quoi ! Ça tire … Parfois, on l’impression que votre poitrine va s’arracher.
On essaie de penser à autre chose. C’est très difficile. Alors, l’esprit s’égare, On se demande si la manipulatrice n’en a pas marre de répéter ce geste des dizaines et des dizaines de fois par jour. La salle d’attente est tellement pleine. (Vive le dépistage !) A-t-elle, elle-même confié ses seins à une collègue ? S’entendent-elles bien ? Ou pas? S’échangent elles des vacheries ? … l’esprit s’égare vraiment !
Et puis, on attend les résultats. Quand on passe un contrôle dit de routine, pas une seule fois on ne pense que l’on va vous trouver quelque chose. On est là pour une formalité. L’idée peut surgir dans votre tête, … Pour repartir aussitôt. Non pas moi. Ça c’est pour les autres !
Niveau supérieur : l’IRM
Et puis parfois, au détour d’une prise de sang banale, un marqueur clignote ! Pas bon ça ! Direction, l’échographie mammaire, voire l’IRM « pour être bien sûr ». Sûr de quoi, au fait ?
La visite, le contrôle prennent une toute autre dimension. Vous commencez à regretter votre bonne vieille mammo écrabouillante . On vous inspecte de l’intérieur. Un produit vous est injecté. Difficile de penser à autre chose D’abord, vous avez dû introduire vos seins dans deux orifices sur la planche qui va vous enfourner dans ce tunnel brillant et hurlant. Vous effectuez le plus gracieusement possible un petit mouvement “style pompe” pour viser juste et frimer en gainage ! Vous éblouissez les deux infirmiers de votre sens du geste. Bravo, quelle maestria !
Le casque sur les oreilles, la perf dans le bras, les seins dans deux trous, le visage coincé dans un cercle bien peu confortable, vous voilà au mieux de votre glamour attitude ! Et pourtant, vous remerciez vos anges et la sécu de la possibilité de ce dépistage.
L’examen semble durer des plombes. Le bruit est strident. Parfois, le cliquetis change de rythme, comme en pointillé. Tiens, tiens, un message codé ?
Et puis c’est la délivrance, mais pas vraiment car la salle d’attente accueille à nouveau votre postérieur pendant un long long long moment, qui s’étire jusqu’aux résultats.
L’annonce des résultats
Numéro I 577 , au parloir !
Toute petite cabine. L’infirmier vous invite à prendre une chaise. Les battements du cœur s’accélèrent. Pourquoi aurais-je besoin de m’assoir ? Mes jambes vont me lâcher? On s’assoit, on se relève, on se rassoit. La sueur coule le long de la poitrine, comme pour un geste d’irrigante provocation. Envie d’être ailleurs, en mer d’Oman avec les dauphins. Merveilleux souvenir.
Le verdict va tomber : pile c’est ok, vous repartez dans un monde imparfait mais sacrément beau, face c’est moche et gluant. C’est parti pour le parcours de la maladie. Vos oreilles s’obstruent. L’afflux sanguin, la pression du stress est trop forte. Vous essayez de noter quelque chose pour vous donner une contenance, mais ça ne marche pas. A la volée, quelques mots, beaucoup de chiffres : « 90% de guérison. Dépistage précoce. Ça va aller !» *
Moi les statistiques je m’en fiche comme de mon premier soutien-gorge ; d’ailleurs tiens, à partir d’aujourd’hui, je vais le balancer par-dessus les moulins !
Un jour les stats me rassureront et je serai tellement heureuse d’en faire partie mais là maintenant, je les déteste, je les vomis, je hais le monde entier. Si je n’étais pas aussi plombée, je crierais…..
C’est beau la vie !
Rendez-vous dans 1 ans. Guérie. Au top. Combattante. Militante. Féministe ? Femme plutôt. Femme entière ou tronquée. Belle de mes combats. Épuisée de mes rires. Fière de mes douleurs. Comblée de mes amours. Partenaire de mes seins. Fière de mon corps. Reconnaissante.
C’est beau la vie !
Merci notre système français de soins.
Comme me l’a récemment écrit une amie à la sortie de son contrôle post cancer du sein, « le soleil brille plus fort en sortant ! ».
Ps/ Petit message aux hommes, les vrais !
J’entends par ci par là des réfractaires au dépistage : pas envie de passer des examens, peur de la piqûre, pas envie de faire caca dans une enveloppe !. Euh…t’es sûr du texte Nico 😉 ?