Ida Lupino : une grande cinéaste injustement oubliée

Elle est la réalisatrice la plus prolifique d’Hollywood, celle qui a réalisé le plus de films. Ida Lupino, qui fut aussi actrice, est au cœur d’un documentaire touchant et captivant, signé par deux Françaises, “Gentlemen and Miss Lupino”, à voir sur OCS.

Sur son fauteuil de réalisatrice, Ida Lupino avait fait inscrire : “mother of all of us”, notre mère à tous. © Wichita Films / OCS

 

la cinéaste la plus prolifique d’Hollywood

Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant il devrait être écrit en lettres immenses dans l’histoire du cinéma. Ida Lupino, d’abord actrice dans les années 1940 (elle a notamment donné la réplique à Humphrey Bogart), fut surtout une très grande réalisatrice, scénariste, et productrice américaine. Elle a créé son propre studio de cinéma. Elle est, encore à ce jour, la cinéaste la plus prolifique d’Hollywood, celle qui a réalisé le plus de films. OCS lui consacre un portrait captivant et très touchant, signé Clara et Julia Kuperberg, deux sœurs françaises passionnées de cinéma.

Une femme et 1300 hommes

Ce documentaire donne la parole, entre autres, à l’historienne américaine Ally Acker. En 1950, nous explique-t-elle, Ida Lupino est enfin acceptée dans le très puissant syndicat des réalisateurs. Elle est la seule femme : Ils commençaient leurs réunions, avec 1 300 hommes et une Ida Lupino en disant : “Gentlemen and Miss Lupino” !

iDA FEMMES INSPIRANTEC’est d’ailleurs le titre de ce documentaire : “Gentlemen and Miss Lupino”. Il est émaillé d’extraits de ses films, très finement choisis, et d’interviews de spécialistes. On entend aussi des extraits de ses mémoires, l’autobiographie d’Ida Lupino.

Son autorité prenait des allures maternantes. Sur son fauteuil de réalisatrice, il était écrit “the mother of all of us”, “notre mère à tous”. Ida Lupino était une femme très intelligente, qui savait comment arriver à ses fins dans un monde d’hommes.

 

Des films audacieux dans l’Amérique puritaine des fifties

“Outrage”, sorti en 1950, est sans doute son long-métrage le plus marquant. Un grand film en noir et blanc, qui traite d’un sujet dont personne ne parlait, à l’époque, encore moins au cinéma : c’est le récit d’un viol. Ou plutôt de l’après. “Outrage” montre le traumatisme de la victime et la façon dont elle intériorise la honte et la culpabilité. Il faut prendre la mesure du courage que représente ce film-là à cette époque-là, dans l’Amérique puritaine de l’après-guerre.

La filmographie d’Ida Loupino est détaillée avec talent, dans ce documentaire. Film par film, on comprend ce que cherchait la cinéaste, quelles histoires elle voulait raconter. Les personnages féminins qu’elle propose sont à mille lieux des icônes glamour et des femmes fatales telles qu’Hollywood en fabriquait.

La carrière d’Ida Lupino, ensuite, s’est orientée vers la télévision. Elle a tourné des centaines de fictions pour le petit écran. Elle a notamment réalisé un épisode de “Ma sorcière bien aimée”, en 1964. Ida Lupino est morte en 1995 sans jamais avoir été célébrée, ni même interviewée comme la pionnière, l’avant-gardiste, qu’elle était. Ce documentaire lui offre un peu de la lumière qu’elle mérite.

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